Retour au sport post ligamentoplastie du ligament croisé antérieur :
Consensus des paramètres d’évaluation observables d’une réception avec impact rotatoire important.

par Stein Jean-Baptiste MKDE (2020)

Au cours de mes études, mon intérêt pour les sports acrobatiques m’a apporté un certain regard vis-à-vis de ma pratique professionnelle. Parfois catégorisés d’extrême ces sports ont pour vocation de travailler la maitrise des risques. C’est une quête de performance passant par la réalisation de mouvements, rotations, réceptions toujours plus complexes.
Comme l’expression « à chacun son Everest », cette quête se retrouve à tous niveaux. La gestion des risques et l’intégration de tâche de plus en plus complexes fait partie intégrante de la rééducation. Pour être performant dans cette rééducation, il est nécessaire de saisir quels sont les risques et les contraintes spécifiques au sport pratiqué.

 

Dans les disciplines acrobatiques « freestyle », la hauteur et les rotations présentent des contraintes importantes que l’athlètes doit être capable de gérer pour ne pas se mettre en danger. En 2019, Montalvo et col. mettent en évidence un risque plus important de rupture du LCA pour les sports impliquant des réceptions de sauts avec impact rotatoire important. Il définit ainsi une catégorie de sports soumis à des contraintes « HIRL » ( High Impact Rotation Landing).

La rupture du LCA est la pathologie grave, la plus fréquente au niveau du genou. Un protocole de retour au sport (RTS) spécifique est incontournable. Pour évaluer la capacité à retourner sur le terrain de manière optimal, il est important de faire passer des batteries de test. Les tests de sauts sont entre guillemets la pierre angulaire des tests fonctionnel du RTS. Dans la littérature ces tests sont majoritairement quantitatifs (hop test, CMJ…). Avec l’arrivée de nouvelles technologies vidéo, les tests d’analyses du mouvement (LESS, SLDJ…) sont de plus en plus pratiqués. Cette approche qualitative permet ainsi de décortiquer des mouvements complexes et de faire de nouvelles connexions avec des données quantitatives. Toutefois elle soulève un certain nombre de lacunes, car il n’existe pas de consensus sur les paramètres d’analyse des contraintes rotatoires.

 

Quel Protocole ?

 

Afin de répondre à cette problématique j’ai réalisé mon mémoire de fin d’étude sur le sujet, avec le soutien de Frédérique Causse (KLYF) mon directeur de mémoire. Cette étude est inspirée d’un protocole Delphi. A l’aide d’un pannel de 6 experts francophones (doctorants en science du sport, et physiothérapeutes du sport en provenance de France, de Suisses et du Canada) nous avons cherché à établir un consensus.

Quels sont les résultats ?

L’étude a permis de faire émerger 12 paramètres observables dans l’analyse des contraintes HIRL. Ces résultats permettent de fournir des axes de réflexion dans la prise de décision du RTS.

Vis-à-vis de la littérature, le test LESS regroupe à lui seul la plupart des paramètres d’analyse de la réception.

Toutefois, 4 paramètres plus spécifiquement associés à la gestion des contraintes rotatoires se démarquent du LESS. Ces paramètres s’intéressent aux stratégies des membres supérieurs, ainsi que la gestion de la rotation au niveau du tronc et de la hanche.

Quels impacts sur la pratique professionnelle ?

L’utilisation d’observables dans l’évaluation des contraintes HIRL aurait une place dans un continuum de retour au sport. Cette méthode d’évaluation s’inscrit dans une démarche de tests évolutifs, dont l’objectif serait d’identifier des patterns à risque. Elle permet ainsi d’envisager un retour au sport à travers une exposition progressive à des contraintes physiques et cognitives spécifiques. Le but est également de faire un lien avec les tests quantitatifs et in fine d’optimiser le RTS.

 

Cette expérience enrichissante m’a fait grandement progresser dans ma réflexion sur l’analyse du mouvement et l’importance des contraintes rotatoires. C’est une approche qui peut s’étendre à un grand nombre d’autres pathologies. Et c’est pour moi un fil qui permet de tisser une plus large toile dans l’approche d’un RTS plus spécifique.

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