RSI : Reactive Strength Index une valeur à prendre en considération ?

Vous suivez des croisés opérés ou bien des pathologies musculo-squellettiques du membre inférieur. Cet index peut vous être utile dans vos prises en charges.

Le désir de revenir au niveau antérieur à la blessure, en particulier dans les sports à pivot, est une raison majeure de la reconstruction du ligament croisé antérieur (ACLR) (Mohtadi 2016 PMID :26164058). Ardern & al. (PMID :25157180), indiquent qu’après ACLR, en moyenne 81% des athlètes sont retournés à n’importe quel sport, 65% sont retournés à leur niveau de sport d’avant la blessure et 55% sont retournés à des sports en compétition. A ce jour, aucun test ou protocole de test ne permet de prédire le risque de récidive (Czuppon & al PMID :24124040)

Devrions nous être plus exigeant sur l’évaluation ?

Au sein de la clinique de la sauvegarde (Lyon Ortho Clinique et Centre de Kiné du sport de la Sauvegarde), nous utilisons dans notre protocole d’évaluation du Return To Play (RTP) le Single-Leg Drop Jump (SLDJ). Cette évaluation consiste à demander de faire le saut le plus haut possible à la suite d’une chute d’une hauteur définie (30cm). Il faut noter que pour des personnes non sportives, non entrainées, ou qui appréhendent la réception, l’évaluation doit être éduquée progressivement du bipodal vers l’unipodal afin d’avoir une exécution maximale sans risque.

King & al. 2018 (PMID :29972874) montre la pertinence de réaliser cette évaluation sur un groupe post ACLR en la confrontant au Hop test Horizontaux. Gustavsson & al 2006 (PMID : 16525796) utilisait déjà ce type d’évaluation mais en demandant un saut horizontal après la chute vers l’avant.

Dans nos recherches actuelles, (que j’espère pouvoir vous présenter prochainement), l’évaluation du SLDJ indique un déficit moyen de symétrie (norme utilisé chez nous ≥ 90%) chez 85% de nos patients sportifs compétiteurs. Le déficit est répercuté sur l’ensemble des paramètres évalués : hauteur de saut, temps de réaction, puissance et indice de force réactive (RSI : Réactive Strenght Index). Le RSI étant le paramètre le plus altéré chez une population à 6 mois post-ACLR.

Qu’est-ce que le RSI ?

Le RSI est le rapport de la hauteur de saut (cm)/temps de contact au sol (‘’). Il quantifie la performance pliométrique, c’est-à-dire la vitesse du muscle à passer rapidement de la contraction excentrique à la contraction concentrique. Cette habilité biomécanique est indispensable au changement de direction. Elle est liée au stockage et a la réutilisation de l’énergie cinétique dans

les structures élastiques du muscle.

D’après notre expérience à utiliser le Single Leg Drop Jump dans l’évaluation du RTP, nous pourrions considérer les normes suivantes :

  • ï< 0.25 : besoin d’un éducatif aux exigence biomécanique pliométrique.
  • ï> 0.35 : patient performant.
  • ïIndice de symétrie > 90% : bonne équilibre entre les deux jambes.
  • ïIndice de symétrie < 90% : patients déficitaires.
  • ïL’interprétation du valgus dynamique semble être un critère à prendre en compte, malgré les conclusions de publication récentes sur le sujet (Raisanen 2020 JOSPT). Un RSI faible augmente le stress mécanique au moment de l’impact et peut faire apparaitre des difficultés de contrôle neuro-musculaire de l’ensemble du système postural.

J’insiste sur le fait que ses normes sont exposées afin de donner des informations sur notre méthode d’interprétation.

De nombreux facteurs après ACLR peuvent perturber la réhabilitation du RSI : inflammation, AMI, déficit de force maximale, déficit du taux de force développé et d’autres encore. Cela affecte les fonctions intra et intermusculaire indispensables aux capacités explosives du muscle. Mais les axes de travails sont nombreux et peuvent intervenir dès les premiers mois de la rééducation, de le réathlétisation et de la préparation physique.

Parmi les patients capables de valider le SLDJ à 6 mois post-op, 90% d’entre eux valident l’ensemble des critères de retour au sport (physique, neuro-musculaire et psychologique). La capacité du patient à récupérer cette force réactive semble déterminante, ce qui en fait un axe de travail privilégié en rééducation et réathlétisation dans nos protocoles de prise en charge.

Exemple d'évaluation

Madame X

La vidéo n°1 correspond à l’évaluation de la jambe atteinte et la vidéo n°2, la jambe dite saine. Observez par vous même et comparez sur les tableaux ci dessous.

NB: Afin de pouvoir quantifier ces données vous pouvez utiliser par exemple un opto-jump, une plateforme de force ou tout simplement une application très simple d’utilisation « my jump ».

Tableau 1 (vidéo 1 : membre atteint)

Tableau 2 (vidéo 2 : membre Sain)

Dans nos rééducations l’utilisation d’outils standardisés et reproductibles est centrale pour l’évaluation et le screening de nos patients. La juxtaposition des ces données quantitatives mais aussi bien qualitatives font parties de l’expertise à développer dans nos prises en charges pour s’inscrire pleinement dans un socle Evidence Based Practice. Evidemment le traitement et la rééducation d’une atteinte du membre inférieur en kinésithérapie du sport est bien plus que le calcul et l’interprétation isolée d’un RSI et ce devra d’être developper dans un contexte et une approche multidimensionnelle.

La blessure est bien plus qu’un RSI, un valgus de genou, une inhibition musculaire mais c’est une donnée observable à tenir compte dans notre collecte d’informations. Alors testez vos RSI !

Thomas Chamu est MK du sport exerçant au sein dut Centre de Kiné du sport de la Sauvegarde. Thomas s’est spécialisé dans la rééducation des genoux traumatiques. Avec près de 200 genoux post opératoire rééduquer par an, la clinique de la sauvegarde est l’un des centres experts lyonnais.

Thomas est formateur chez K-LYF où il intervient sur la rééducation du genou dans le diplôme Kiné-ProSport